Aller au contenu

Page:Goncourt - Histoire de Marie-Antoinette, 1879.djvu/228

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

pond le cardinal, que j’ai été cruellement trompé. Je payerai le collier. L’envie que j’avais de plaire m’a fasciné les yeux. Je n’ai vu nulle supercherie et j’en suis fâché. » Et le cardinal tire d’un portefeuille le traité portant la signature : Marie-Antoinette de France. Le Roi le prend. « Ce n’est ni l’écriture de la Reine, ni sa signature : comment un prince de la maison de Rohan et un grand aumônier de France a-t-il pu croire que la Reine signait Marie-Antoinette de France ? Personne n’ignore que les reines ne signent que leurs noms de baptême. » Le Roi, présentant alors au cardinal une copie de sa lettre à Bœhmer : « Avez-vous écrit une lettre pareille à celle-ci ? — Je ne me souviens pas de l’avoir écrite. — Et si l’on vous montrait l’original, signé de vous ? — Si la lettre est signée de moi, elle est vraie. — Expliquez-moi donc toute cette énigme, reprit le Roi : je ne veux pas vous trouver coupable ; je désire votre justification ». Le cardinal pâlit et s’appuie sur une table. « Sire, je suis trop troublé pour répondre à Votre Majesté d’une manière… — Remettez-vous, monsieur le Cardinal, dit le Roi, et passez dans mon cabinet, afin que la présence de la Reine ni la mienne ne nuisent pas au calme qui vous est nécessaire. Vous y trouverez du papier, des plumes et de l’encre ; écrivez votre déposition. » Le cardinal obéit. Au bout d’un demi-quart d’heure il rentre, et remet un papier au Roi. Le Roi le prend en lui disant : « Je vous préviens que vous allez être arrêté. — Ah ! Sire, s’écrie le cardinal, j’obéirai toujours aux ordres de Votre Majesté, mais qu’elle