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Page:Goncourt - Histoire de Marie-Antoinette, 1879.djvu/248

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de la Motte. Son illusion avait insulté la vertu de la femme de son roi ; il avait porté le soupçon autour du trône ; il avait compromis la royauté.

Mais les influences, les manœuvres, les passions, la voix des Robert Saint-Vincent, des Barillon, des Morangis, des d’Outremont, des Hérault de Sechelles et des Freteau, l’emportaient dans cette cause sur les intérêts de la justice et les droits de la royauté : vingt-six voix contre vingt-trois repoussaient les injonctions du procureur général[1]. Le jugement qui condamnait Jeanne de Valois de Saint-Remy de Luz, femme de la Motte, à être battue et fustigée nue de verges, flétrie de fer chaud et détenue à perpétuité à la Salpêtrière, déchargeait « Louis-René-Édouard de Rohan des plaintes et accusations contre lui intentées à la requête du procureur général, et ordonnait que les Mémoires imprimés pour Jeanne de Saint-Remy de Valois de la Motte seraient et demeureraient supprimés, comme contenant des faits faux, injurieux et calomnieux audit cardinal de Rohan[2]. »

Regardez pourtant ces juges qui acquittent le cardinal de Rohan, ces juges qui font pleurer la Reine[3] : encore deux ans, et dans cette même assemblée ils s’élèveront contre la royauté de Louis XVI, et brigueront comme un honneur l’exil du duc d’Orléans. Regardez ce peuple des

  1. Id.
  2. Arrêt du parlement, la grande chambre assemblée, du 31 mai 1786.
  3. Mémoires de Mme Campan, vol. II.