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Page:Goncourt - Histoire de Marie-Antoinette, 1879.djvu/265

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ment qui la menaçait d’une maladie de langueur, les amis de la Reine ne cachaient pas leur espérances que la demande, pour le Dauphin, de l’appartement de Monsieur et Madame forçât le ménage à quitter Versailles et à se retirer au Luxembourg[1].

Mesdames, réduites à leur cour de Bellevue et y cachant leur défaite, sans influence dans les affaires et ne gouvernant rien, frappées dans le présent et dans l’avenir par l’amour du Roi pour la Reine, ne parvenant à l’oreille du Roi et ne l’occupant qu’un jour de mardi gras où tout le monde dansait[2], Mesdames boudaient et murmuraient. Unies à Madame Louise, la carmélite de Saint-Denis, que sa haine contre l’Autriche emportait jusqu’à troubler un couvent de religieuses autrichiennes[3] ; à Madame Louise, que Louis XVI avait été obligé de venir réprimander en personne, lui intimant l’ordre de ne plus se mêler des affaires du ministère[4], Mesdames se remuaient et se vengeaient dans l’ombre. Un choix, une idée de la Reine leur étaient-ils rapportés, elles avaient, pour calomnier les actes ou les vues de la Reine, deux formules invariables, tantôt celle-ci : « Nous serions bien surprises qu’elle pensât comme mon père ou comme mon frère ; » tantôt celle-là : « Nous la surprenons

  1. Journal manuscrit de Hardy. Bibliothèque nationale, vol. V.
  2. Id.
  3. Id.
  4. Id.