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Page:Goncourt - Histoire de Marie-Antoinette, 1879.djvu/267

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dans le parti de la résistance à l’opinion, dans le système du droit absolu de la volonté royale. Dès que la Reine touche à la politique, Monsieur ne quitte plus le crayon ni la plume : il ne fait que répandre la caricature et la satire, promener l’insulte et le discrédit de l’ironie sur les amis de la Reine, ses ministres, ses idées, ses illusions[1].

La Reine avait trouvé un ami parmi les hommes de sa famille. Cet ami avait partagé ses jeux et lui avait fait partager ses plaisirs[2] ; il avait fait cause commune avec ses goûts, il s’était uni à ses désirs, il s’était associé à ses amitiés[3], il avait soutenu ses reconnaissances ; pour lui plaire, il n’avait pas craint d’aller jusqu’à se compromettre, se dévouer presque. Mais cet ami, le malheur des circonstances l’éloignait d’elle. Travaillé par Vaudreuil, cédant aux insinuations des Polignac que les froideurs de la Reine jetaient dans le salon et dans la familiarité d’un frère aimé tout à coup du Roi, le comte d’Artois embarrassait le ministère Brienne et aidait à sa chute. Puis, le jour où s’ouvrait la Révolution, le voilà encore séparé de la Reine, en dissentiment avec ses vœux de conciliation et de

  1. Mémoires historiques et politiques, par Soulavie, vol. II.
  2. Les archives de l’Empire conservent sous des maroquins rouges où les armes de la Reine se marient aux armes du comte d’Artois : État des chasses de l’équipage de la Reine et de Monseigneur le comte d’Artois pour le sanglier, année 1784. — Chasses du sanglier de la Reine et de Monseigneur le comte d’Artois, année 1786. Les chasses avaient lieu à Versailles, à Saint-Germain, à Fontainebleau, à Marly et à Rambouillet.
  3. Maximes et pensées d’Antoinette, 1802.