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Page:Goncourt - Histoire de Marie-Antoinette, 1879.djvu/268

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satisfaction aux exigences nationales, en lutte sur la grande question de la représentation du tiers, que la Reine juge contre lui en faveur du tiers. Le comte d’Artois est déjà entouré. Il commence à appartenir à ces conseils des Calonne et des Vandreuil qui feront de lui, sans qu’il en ait la conscience et le remords, un des grands périls de la Reine pendant la Révolution.

Les princes du sang gardaient encore contre la Reine le ressentiment du pas qu’avait voulu prendre sur eux son frère, l’archiduc Maximilien. Le beau-père de la princesse de Lamballe, le duc de Penthièvre seul était dévoué à la Reine ; mais, vivant loin de la cour, retiré en renfermé dans ses terres, il ne pouvait servir la Reine que de bien loin. Puis ses vertus mêmes, par leur douceur, par leur bienveillance, par leur sainteté, manquaient, non sans doute de courage, mais d’autorité et de commandement. Pauvre prince ! né pour d’autres temps, et qui devait céder à la Révolution, avec cette patience affligée et cet abandon de lui-même que nous révèle cette lettre à son curé : «… Je puis encore moins m’exposer à me compromettre perdés s’il vous plaît les idées que vous avez reçues sur l’autorité des possesseurs de la maison que j’ai dans votre paroisse : je suis maintenant citoyen, on ne peut rien ajouter…[1]. »

Le prince de Condé, l’ami de Mesdames, qui s’était enfermé avec Mesdames tout le temps de leur

  1. Lettre autographe du duc de Penthièvre. Collection d’autographes du feu comte de Panisse.