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Page:Goncourt - Histoire de Marie-Antoinette, 1879.djvu/282

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donne un peu d’espérance. On en donne aussi pour le rétablissement de sa taille à mesure que les forces reviendront. Le Roi a été très-faible et maladif pendant son enfance, l’air de Meudon lui a été très-salutaire, nous allons y établir mon fils. Pour le cadet, il a exactement en force et en santé tout ce que son frère n’en a pas assez ; c’est un vrai enfant de paysan, grande, frais et gros[1]. »

Puis ces pauvres petits êtres, disgraciés par la mort avant d’être pris par elle, ont des impatiences, des caprices, des éloignements que la maladie fait en eux, et qui déchirent les cœurs qui les entourent. Cette dernière douleur ne manqua pas aux douleurs de la mère, qui le 4 juin 1789 n’avait plus qu’un fils.

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C’était encore aux Polignac que la Reine devait ce peu de tendresse, cette froideur des derniers baisers de son enfant mourant. Le petit malade, obéissant aux haines du duc d’Harcourt, son gouverneur, avait pris en aversion madame de Polignac jusqu’à détester les odeurs qu’elle portait[2]. Il y avait comme une fatalité dans cette liaison de la Reine avec les Polignac. Et que de mal déjà lui avait fait sa favorite !

Ce salon de madame de Polignac, où la Reine avait tenu sa cour de femme, avait réuni, de moins en moins, avec les années, la société qu’il eût convenu à la Reine d’y rencontrer. La négligence, les

  1. Marie-Antoinette, Joseph II, und Léopold II, von d’Arneth. Leipsig, 1866.
  2. Mémoires de Mme Campan, vol. II.