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Page:Goncourt - Histoire de Marie-Antoinette, 1879.djvu/287

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    « Ce 29 juillet 1789.

« Je ne peu laisser passer, mon cher cœur, l’occasion sure, sure, qui se présente de vous écrire encore une fois aujourd’hui. C’est un plaisir si grand pour moi que j’ai remercier cent fois mon mari de m’avoir envoyé sa lettre. Vous savez si je vous aime et si je vous regrette, surtout dans les circonstances présentes. Les affaires ne paroissent pas prendre une bonne tournure. Vous avez sçu, sans doute, ce qui s’est passé le 14 juillet ; le moment a été affreux et je ne peu me remettre encore de l’horreur du sang répandu. Dieu veuille que le Roi puisse faire le bien dont il est uniquement occupé ! Le discours qu’il a prononcer à l’Assemblée a déjà produit beaucoup d’effet. Les honnêtes gens nous soutiennent ; mais les affaires vont vite et entraînent on ne sait où. Vous ne sauriez vous imaginer les intrigues qui s’agitent autour de nous, et je fais tous les jours des découvertes singulières dans ma propre maison. O mon amie ! que je suis triste et affligée. M. (Necker) arrive à l’instant ; il vous a vue et m’a parlé de vous. Son retour a été un vrai triomphe ; puisse-t-il nous aider a prévenire les scènes sanglantes qui désolent ce beau royaume ! Adieu, adieu, mon cher cœur, je vous embrasse de toute mon âme, vous et les vôtres.

    « MARIE-ANTOINETTE[1]. »
  1. Lettre autographe signée, communiquée par M. le marquis de Flers, et publiée pour la première fois par nous.