Aller au contenu

Page:Goncourt - Histoire de Marie-Antoinette, 1879.djvu/288

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Le 13 août, la Reine mandait à madame de Polignac :

« Je vois que vous m’aimez toujours. J’en ai grand besoin, car je suis bien triste et affligée. Depuis quelques jours, les affaires paroissent prendre une meilleure tournure ; mais on ne peu se flatter de rien, les méchants ont un si grand intérêt, et tous les moyens de retourner et empêcher les choses les plus justes ; mais le nombre des mauvais esprits est diminué, ou au moins tous les bons se réunissent ensemble, de toutes les classes et de tous les ordres : c’est ce qui peut arriver de plus heureux… Je ne vous dis point d’autre nouvelle, parce qu’en vérité quand on est au point ou nous en sommes et surtout aussi éloigniez l’une de l’autre, le moindre mot peut ou trop inquietter ou trop rassurer ; mais comptez toujours que les adversités n’ont pas diminué ma force et mon courage[1]. »

Un autre jour la reine écrit à son amie : « Ma santé se soutient encore, mais mon âme est accablée de peine, de chagrins et d’inquiétudes ; tous les jours j’apprends de nouveaux malheurs ; un des plus grands pour moi est d’être séparée de tous mes amis ; je ne rencontre plus des cœurs qui m’entendent. » La reine mande encore à madame de Polignac : « Toutes vos lettres à M. de… me font grand plaisir, je vois au moins de votre écriture ; je lis que vous m’aimez, cela me fait du bien[2]. »

C’est en toutes ces lettres de la Reine, qui courent

  1. Catalogue d’autographes, du 1er avril 1844.
  2. Mémoires sur la vie de la duchesse de Polignac.