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Page:Goncourt - Histoire de Marie-Antoinette, 1879.djvu/301

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France, madame de Lamballe, MM. de Chastellux, d’Hervilly, de Roquelaure, habitaient le rez-de-chaussée, au pavillon de Flore ; Madame Élisabeth, le premier étage ; mesdames de Mackau, de Grammont, d’Ossun, et d’autres personnes de la maison ou du service, les étages supérieurs. Au premier étage du palais se trouvaient la salle des gardes, le lit de parade, et des appartements ayant la même destination et le même usage que la galerie de Versailles[1].

Aux premiers jours de son séjour aux Tuileries, la Reine se trouva sans force contre la douleur ; son énergie pliait sous l’humiliation de la royauté. Le lendemain de son arrivée, à la réception du corps diplomatique, essayant de parler, elle suffoquait de sanglots[2]. Les livres, la lecture, ne pouvaient la distraire du souvenir et de l’horreur des journées d’Octobre. Pour échapper au temps, pour occuper au moins son activité physique, elle recourait à son aiguille ; elle se jetait à de grands travaux de tapisserie et les avançait avec fureur. Mais elle ne pouvait fuir sa pensée, cette pensée, dont ce fragment d’une lettre à la duchesse de Polignac nous confie les angoisses et le découragement :

«… Vous parlez de mon courage ; il en faut moins pour soutenir les moments affreux oh je me suis trouvée que pour supporter journellement notre position,

  1. Le château des Tuileries, par P. J. A. R. D. E. Paris, Lerouge, 1807, vol. I.
  2. Considérations sur les principaux événements de la Révolution française, par Mme de Staël.