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Page:Goncourt - Histoire de Marie-Antoinette, 1879.djvu/302

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ses peines à soi, celles de ses amis et celles de tous ceux qui nous entourent. C’est un poids trop fort à supporter, et si mon cœur ne tenoit par des liens aussi forts à mon mari, mes enfants, mes amis, je désirerois succomber ; mais vous autres me soutenez ; je dois encore ce sentiment à votre amitié. Mais moi, je vous porte à tous malheur, et vos peines sont pour moi et par moi[1]. »

Ses amis, son mari, ses enfants surtout la soutenaient et l’aidaient à revenir au courage.

Où est l’âme de Marie-Antoinette, aux premiers jours de la Révolution ? Où est son esprit, où est son cœur, pendant que la Bastille croule, que les hommes s’agitent, que les choses conspirent, que la fatalité commence ? Esprit, cœur, son âme tout entière est à ses enfants[2] ; et les tendresses inquiètes, et les chers soucis d’une mère penchée sur un fils menacé d’une couronne, emplissent toute cette Reine de leurs seules alarmes. Il sem-

  1. Mémoires sur la vie et le caractère de madame la duchesse de Polignac, par la comtesse Diane de Polignac. Hambourg, 1796.
  2. La Reine écrit le 12 août à la duchesse de Polignac : «… Ma santé est assez bonne, quoique nécessairement un peu affoibli par tous les choques continuels qu’elle éprouve. Nous ne sommes entouré que de peines, de malheurs et de malheureux, — sans compter les absences. Tout le monde fuie, et je suis encore trop heureuse de penser que tous ceux qui m’intéressent sont éloigniez de moi. Aussi je ne vois personne, et je suis toute la journée seule chez moi. Mes enfant font mon unique ressource… » (Lettre tirée des papiers de la famille du duc de Polignac, citée avec l’orthographe textuelle par M. Feuillet de Conches.)