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Page:Goncourt - Histoire de Marie-Antoinette, 1879.djvu/309

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un roi. Adieu, mon cher cœur, vous sçavez si je vous aime[1].

    « MARIE-ANTOINETTE. »

Plus tard, après Octobre, retirée aux Tuileries, ne paraissant plus en public, la Reine se donnait encore mieux à ses enfants. Elle devenait dans sa retraite l’institutrice et la gouvernante de sa fille, passant ses matinées à surveiller leçons, les appuyant, les expliquant avec ce sens et cette façon des mères qui font l’étude à leur image, douce, familière et caressante. Puis elle donnait ses soins à son fils, trop jeune pour apprendre, mais qu’elle formait déjà à plaire, cherchant à le douer de cette amabilité, de cet accueil qui avaient gagné à sa mère le cœur de la France ; développant en lui toutes ces séductions de l’enfance qui enchantent et désarment les passions d’un peuple. C’était la plus grande consolation de ses chagrins que ce joli enfant, auquel il suffisait de rire pour que la Révolution lui pardonnât ; c’était le meilleur de ses journées que le moment où, accompagnant le Dauphin sur la terrasse au bord de l’eau, dans ce

  1. Lettre autographe signée, communiquée par M. le marquis de Flers et publiée pour la première fois par nous. Nous avons cru devoir respecter l’orthographe des lettres de la Reine dont nous avons eu communication. Il n’est pas besoin de rappeler ici que l’orthographe n’entrait point dans l’éducation du dix-huitième siècle. Voir tous les autographes du temps, et consulter Dutens, Mémoires d’un voyageur qui se repose, sur l’orthographe des lettres de Voltaire.