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Page:Goncourt - Histoire de Marie-Antoinette, 1879.djvu/308

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Un billet confidentiel de Marie-Antoinette répète ce même jugement sans faiblesse sur son fils. Il nous montre la mère dans l’exercice de son autorité, s’efforçant de vaincre les rébellions de l’enfant, de gronder ses colères, tremblant et cependant tâchant de ne pas faiblir dans ce grand mandat d’élever un roi :

    « Ce 31 août.

« Il m’a été impossible, mon cher cœur, de revenir de Trianon, j’ai beaucoup trop souffert de ma jambe. Ce qui vient d’arriver à Monsieur le Dauphin ne m’étonne point. Le mot pardon l’irritoit dès sa plus tendre enfance, et il faut s’y prendre avec de grandes précautions dans ses colères. J’approuve entièrement ce que vous avez fait ; mais qu’on l’ammene et je lui ferai sentire combien toutes ses révoltes m’afflige. Mon cher cœur, notre tendresse doit estre sévère pour cet enfant ; il ne faut pas oublier que ce n’est pas pour nous que nous devons l’élever, mais pour le pays. Les premières impressions sont si fortes dans l’enfance que, en vérité, je suis effrayée quand je pense que nous élevons

    Tourzel, et publié par nous sur copie, à l’obligeance de M. Ch. Alleaume. Quelque respect que nous ayons pour les susceptibilités des familles, nous n’avons pas cru devoir supprimer les noms propres de la seconde partie de cette instruction. Le jugement de Marie-Antoinette sur la maison de ses enfants, à la date du 24 juillet 1789, appartient désormais, et tout entier, à l’histoire. Au reste, il est permis de rappeler de ce jugement, jugement d’une heure et d’un jour dans la Révolution, que le cœur de la Reine a dû modifier depuis, selon les dévouements.