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Page:Goncourt - Histoire de Marie-Antoinette, 1879.djvu/321

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mécontentement de cette politique nouvelle de la cour, qui voulait employer les tribuns à reconstituer l’autorité. Ils avaient fait parvenir à la Reine leurs remontrances, leurs avertissements, leurs moqueries, leurs menaces. Ils prenaient plaisir à railler les premières armes de M. de Mirabeau auprès du trône. Ils annonçaient le jour où le comte de Mirabeau devait être de garde chez la Reine, et ils parlaient de leur espérance de voir ce jour-là beaucoup de chevaliers français se réunir chez la souveraine. Puis, découragés, et abandonnant la Reine à sa confiance et au dévouement de Mirabeau, ils ne rappelaient plus ses devoirs à l’épouse de Louis XVI que par des reproches. Lors de la discussion de la garde du Roi mineur, ils gourmandaient ainsi le cœur de Marie-Antoinette : « Si vous n’avez plus le courage des reines, ayez au moins celui des mères ! » Mirabeau mort, le mécontentement des royalistes purs contre la Reine prenait une voix plus haute et plus impérieuse : Qu’est devenue, disaient-ils, cette autre Marguerite d’Anjou, l’héroïne du 6 octobre ? Où est donc cette Reine sans peur qui servait de bouclier à son époux et cachait son fils dans son sein, « comme le pontife cache dans le sanctuaire l’hostie consacrée ? » Combien faut-il qu’elle soit devenue différente d’elle-même pour qu’on ait osé la calomnier jusqu’à dire, il y a quelques mois, qu’elle était entrée en négociation avec un factieux célèbre ? pour publier depuis la mort de ce rebelle, qu’elle traitait avec les chefs du parti jaco-