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Page:Goncourt - Histoire de Marie-Antoinette, 1879.djvu/322

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bite ? Depuis la soirée du 28 février, ajoutaient-ils en interpellant directement la Reine, qu’avez-vous fait pour les chevaliers français, pour votre fils, pour votre époux, pour vous-même ? Quel compte pourriez-vous rendre à l’Europe de son admiration ; à la nature, de ses dons ; à la mémoire de votre mère, des devoirs qu’elle vous impose ? Si vous n’êtes qu’une femme ordinaire, disaient d’autres, il ne fallait pas serrer sur votre sein l’héritier du trône dans la journée du 6 octobre : il fallait le remettre au brave de Guiche, au loyal Saint-Aulaire, à tout chevalier digne d’un tel dépôt, et leur dire : « Je ne me sens pas le courage de lutter contre de pareilles adversités ; portez mon fils soit à Léopold, soit à Victor-Amédée… » Les plus ardents accusaient hautement la Reine de traiter avec ses assassins, de suivre lâchement le système imaginé par de lâches politiques, de sacrifier les deux premiers ordres de l’État, le clergé et la noblesse, au salut personnel de la royauté, de les livrer à la Révolution contre une promesse de restitution de la plénitude du pouvoir exécutif…[1]. Tels étaient, au commencement de l’année 1791, les sentiments publics des royalistes ardents et exaspérés, pour cette Reine que tout abandonnait jour à jour, les hommes comme les choses, l’occasion et la fortune, ses derniers courtisans et ses dernières illusions.

Quelques promenades à cheval dans le triste bois

  1. Gazette de Paris, 20 janvier, 27 mars, 22 avril 1791.