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Page:Goncourt - Histoire de Marie-Antoinette, 1879.djvu/330

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l’intrusion des personnes ennemies dans la vie intime de la Reine ? Déjà le général la Fayette, qui voyait le salut de la monarchie dans les petites choses, avait eu une longue conférence avec M. de la Porte, où il avait développé la nécessité pour la Reine de recevoir les femmes des fonctionnaires publics élus par le peuple[1]. Aux premières années de la Révolution, n’avait-on point intrigué et travaillé auprès de madame de Lamballe pour qu’elle admît aux thés qu’elle donnait trois fois la semaine, et où la Reine venait, les patronnes de la démocratie pure ? N’avait-on point voulu un moment refuser à la Reine le choix et la désignation des dames pour ses parties de loto du jeudi et du dimanche[2] ? À cette nouvelle démarche, le roi, si facile qu’il fût aux concessions, trouvait presque inouï que le nouveau régime de liberté ne permît pas à la Reine de fermer la porte de son salon, presque exorbitant qu’on voulût exiger d’elle qu’elle fît sa société de madame Pétion. Le projet seul de cette nouvelle maison, qui eût assis les ennemis de la Reine à son foyer, décidait et excusait l’abandon et la désertion chez les personnes plus attachées à leurs titres qu’à la personne de la Reine[3]. La

  1. Pièces imprimées d’après le décret de la Convention nationale. Tome Ier. Troisième recueil.
  2. Mémoires du marquis de Paroy. Revue de Paris, 1836.
  3. Nous croyons devoir donner ici la liste des personnes composant la maison de la Reine, avec le chiffre de leurs gages, au 10 août, publiée pour la première fois par nous d’après un manuscrit conservé aux Archives nationales.