Elle espérait de cette déclaration l’intimidation des uns, l’encouragement des autres, un soulèvement spontané de la majorité craintive des mécontents contre la tyrannie locale des départements, des municipalités, des clubs ; un soulèvement qui serait si brusque, si général, si unanime, qu’il n’y aurait point de défense, point de sang. Elle espérait une révolution pacifique éclatant à la fois « dans toutes les bonnes villes de France, » et elle terminait son Mémoire par cette assurance, — hélas ! ce n’était qu’un vœu — : « La révolution se fera pas l’approche de la guerre et non par la guerre elle-même[1]. »
La Reine poursuivait encore, le 4 octobre 1791, auprès de son frère convaincu et rallié à ce projet[2], la réalisation de son plan et de ses espérances :
- ↑ Mémoire joint à la lettre de Marie-Antoinette à Léopold II. Revue rétrospective, 2e série, vol. II.
- ↑ >Dans une réponse de l’empereur Léopold au Mémoire de la Reine, conservée aux Archives de l’Empire, nous lisons les passages suivants : « Les imperfections de la nouvelle Constitution française rendent indispensable d’y acheminer des modifications pour lui assurer une existence solide et tranquille ; l’Empereur applaudit à cet égard à la sagesse des bornes que Leurs Majestés très chrétiennes mettent à leurs désirs et à leurs vues. « Les objets compris dans ce plan : lier la Constitution avec les principes fondamentaux de la monarchie ; conserver au trône sa dignité et la convenance nécessaire pour obtenir le respect et l’obéissance aux lois ; assurer tous les droits, accorder tous les intérêts, et regardant comme objets accessoires les formes du régime ecclésiastique, judiciaire et féodal, rendre toutefois à la Constitution dans la noblesse, un élément politique qui lui manque, comme une partie intégrante de toute