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Page:Goncourt - Histoire de Marie-Antoinette, 1879.djvu/360

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venir de nouveaux malheurs, et l’éloigner de M. de Condé. Voici sa lettre :

Et Marie-Antoinette transcrit de sa main la lettre suivante du comte d’Artois :

« J’ai reçu votre lettre du 20 mars, ma chère sœur ; le peu d’habitude que j’ai de cette manière d’écrire, m’obligeant à estre fort laconique, je vous laisse deviner combien je suis sensible aux marques de votre amitié, mais en même temps combien je suis affligé de voir que vous différiez de jour en jour à me procurer votre confiance, surtout quand les circonstances sont si pressantes. Je mérite peut-être moins de réticence de votre part, mais ce dont je suis certain, c’est que votre intérêt exigeroit que je fusse mieux instruit.

« Tout porte à me prouver que vous avez un plan. Je crois même connoître à fond les détails de ce qu’on vous propose, et les personnes qu’on employe. Eh ! ma sœur, le Roi se défie-t-il de moi ? Je n’ajoute qu’un mot sur cet article, il peut estre permis de se servir de ses propres ennemis pour sortir de captivité, mais on doit se refuser à tout marché, à toute convention avec les scélérats, et surtout on doit calculer si les vrais serviteurs, les vrais amis surtout, pourront consentir aux conditions qu’on auroit acceptées. Au nom de tout ce qui vous est cher, souvenez-vous de ce peut de mots, et croyez que je suis bien instruit. Vous paroissez vous plaindre de mon silence et de l’ignorance où vous estes de mes projets, mes