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Page:Goncourt - Histoire de Marie-Antoinette, 1879.djvu/371

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une clameur annonce le peuple : c’est Octobre qui revient ! Le Roi fait ouvrir la porte royale. Cours, escalier, en un instant, tout est inondé d’une foule qui se précipite et monte. Le Roi, la Reine, la famille royale, sont dans la chambre du Roi, serrés, résignés, écoutant les coups de hache dans la porte d’entrée des appartements. Les deux enfants pleurent[1]. La Reine est à essuyer leurs larmes. Le chef de la deuxième légion de la garde nationale, Aclocque, saisissant le Roi à bras le corps, le conjure de se montrer au peuple[2]. Louis XVI sort. Madame Élisabeth, qui le veillait de l’œil, le suit. La Reine, ses enfants un peu consolés et pleurant moins haut, se retourne. Le Roi n’est plus là. Refoulant aussitôt son cœur de mère, Marie-Antoinette veut suivre son mari. « N’importe ! dit-elle d’une voix frémissante, ma place est auprès du Roi !  » et, se dégageant des prières qui l’entourent, elle s’avance vers la mort d’un pas de Reine. Un gentilhomme l’arrête par le bras, un autre lui barre le passage. Quelques gardes nationaux accourent. Ils assurent la Reine de la sûreté du Roi. Cependant le palais mugit : des cris de mort arrivent, comme par bouffées, à l’oreille de la Reine. De la salle des gardes, le fracas sourd, le cliquetis, la victoire, marchent et s’avancent. Les gardes nationaux n’ont que le temps d’entraîner la Reine dans la salle du Conseil. Vite, ils poussent devant elle la grande table[3]. Ainsi,

  1. Pièces justificatives sur les évènements du 20 juin 1792. Déclaration du sieur Lecrosnier.
  2. Rapport du chef de la deuxième légion.
  3. Le cri de la douleur ou journée du 20 juin, par l’auteur du Domine salvum fac regem.