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Page:Goncourt - Histoire de Marie-Antoinette, 1879.djvu/416

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Madame s’attachent au Roi, et l’on fait ainsi quelques pas, enchaînés les uns aux autres. À la porte les femmes retrouvent de nouvelles larmes et de nouveaux gémissements : « Je vous assure, dit le Roi, que je vous verrai demain à huit heures. — Pourquoi pas à sept heures ? fait la Reine en suffoquant. — Eh bien ! oui, à sept heures… Adieu ! » Ils s’embrassent et ne peuvent finir… « Adieu ! » et le Roi s’arrache des bras de la Reine, « adieu ! »[1] Madame se trouve mal dans l’escalier ; et la Reine, soutenant sa fille, tout à coup se retourne vers les municipaux, et d’une voix terrible : « Vous êtes tous des scélérats !  »[2]

La nuit du 20 au 21 janvier, toute la nuit, Madame entendit sa mère, qui ne s’était pas déshabillée, trembler, sur son lit, de douleur et de froid[3]. Marie-Antoinette appelle à chaque heure cette heure de sept heures, l’heure promise aux embrassements suprêmes. Elle est inquiète de ce bruit, mais c’est le bruit de Paris qui s’éveille. La porte s’ouvre… ce n’est encore qu’un livre qu’on vient chercher pour la messe du Roi. Quels siècles, les minutes ! quelle éternité, cette heure, jusqu’à ces fanfares de trompettes… Le Roi est parti ![4]

Alors, au troisième étage de la tour, trois femmes

  1. Journal de Cléry.
  2. Maximes et pensées de Louis XVI et d’Antoinette.
  3. Récit de Madame.
  4. Journal de Cléry.