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Page:Goncourt - Histoire de Marie-Antoinette, 1879.djvu/436

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core conduire la tentative… Qu’arriva-t-il ? De quelles mesures nouvelles de surveillance le Dauphin et Madame furent-ils entourés ? L’allumeur de quinquets cessa-t-il d’amener au Temple ces deux enfants qui montraient comme une conspiration de la Providence pour le salut des enfants de la Reine ? Nul des témoins de ce temps ne nous l’apprend ; un seul fait est constant : la Reine peut fuir encore, ses enfants ne peuvent plus la suivre.

C’est alors que la Reine écrit à M. de Jarjayes ce dernier billet :

« Nous avons fait un beau rêve, voilà tout ; mais nous y avons beaucoup gagné, en trouvant encore dans cette occasion une nouvelle preuve de votre entier dévouement pour moi. Ma confiance en vous est sans bornes ; vous trouverez, dans toutes les occasions, en moi du caractère et du courage ; mais l’interet de mon fils est le seul qui me guide, et quelque bonheur que j’eusse éprouvé a être hors d’ici je ne peux pas consentir a me séparer de lui. Au reste, je reconnois bien votre attachement dans tout ce que vous m’avez dit hier. Comptez que je sens la bonté de vos raison pour mon propre interet, mais je ne pourrois jouir de rien en laissant mes enfants, et cette idée ne me laisse pas même de regret[1]. »

Le grand cœur qui si vite et avec si peu d’effort se détache d’un espoir où ne sont pas ses enfants ! D’une mère romaine vous n’auriez une autre lettre ;

  1. Mémoires de M. de Goguelat.