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Page:Goncourt - Histoire de Marie-Antoinette, 1879.djvu/449

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le cas où elle se trouverait mal. La Reine embrasse sa fille, l’exhorte au courage, lui demande d’avoir bien soin de sa tante et de lui obéir comme à une seconde mère, et finit en lui répétant les instructions de pardon que lui a données son père. Madame reste muette de saisissement et de frayeur. La Reine se jette alors dans les bras de Madame Élisabeth, et lui recommande ses enfants. Madame Élisabeth, la tenant embrassée, lui murmure quelques mots à l’oreille. La Reine part sans retourner la tête, sans jeter un dernier regard à sa sœur, à sa fille, craignant que sa fermeté ne l’abandonne[1]. Elle est partie, laissant aux murs de sa prison son cœur dans cette inscription, la taille de ses deux enfants :

27 mars 1793, quatre pieds dix pouces trois lignes. Trois pieds deux pouces[2].

Comme la Reine sortait de la tour sans se baisser, elle se frappa la tête au guichet. On lui demanda si elle s’était fait du mal. « Oh ! non, — dit-elle, — rien à présent ne peut plus me faire de mal[3]… »

Les municipaux, parmi lesquels était Michonis, accompagnent Marie-Antoinette du Temple à la Conciergerie. Marie-Antoinette obtient de passer la nuit dans la chambre du concierge Richard.

  1. Récit de Madame.
  2. Lettre sur la prison du Temple et sur les deux enfants de Louis XVI. Paris, chez les marchands de nouveautés.
  3. Récit de Madame.