Page:Goncourt - Histoire de Marie-Antoinette, 1879.djvu/448

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d’acheter à la Reine un peigne de corne : « Le buis serait trop bon[1] ! » Dans la bouche des derniers visiteurs, la parole n’était plus que jurons[2].

Le 1er août, à 2 heures du matin, la Commune, arrachant les trois femmes au sommeil, signifiait à Marie-Antoinette le décret de la Convention :

« Marie-Antoinette est envoyée au Tribunal extraordinaire ; elle sera transportée sur-le-champ à la Conciergerie. »

La Reine se tait, et se met à faire un paquet de ses vêtements. Madame Élisabeth et Madame implorent, mais en vain, la grâce de la suivre. La Reine s’habille sans que les municipaux s’écartent. Ils lui demandent ses poches. La Reine les leur donne[3] ; c’est tout ce qu’elle a de ceux qu’elle prie au ciel ; c’est tout ce qui lui reste de ceux qu’elle aime sur la terre ! un paquet de cheveux de son mari et de ses enfants, la petite table de chiffres où elle apprenait à compter à son fils, un portefeuille où est l’adresse du médecin de ses enfants, des portraits des princesses de Hesse et de Mecklembourg, les amies de son enfance, un portrait de madame de Lamballe, une prière au sacré cœur de Jésus, une prière à l’Immaculée Conception[4]. Il ne lui est laissé qu’un mouchoir et un flacon, pour

  1. Fragments de M. de Turgy.
  2. Récit de Madame.
  3. Ibid.
  4. Bulletin du tribunal criminel révolutionnaire, 1793. 2e partie, n° 25.