Page:Goncourt - Histoire de Marie-Antoinette, 1879.djvu/45

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« Votre Majesté est bien bonne de vouloir bien s’intéresser à moi et même de vouloir savoir comme je passe ma journée. Je lui dirai donc que je me lève à 10 heures ou à 9 heures et demie, et, m’ayant habillée, je dis mes prières du matin, ensuite je déjeune, et de là je vais chez mes tantes où je trouve ordinairement le roi. Cela dure jusqu’à 10 heures et demie ; ensuite à onze heures je vais me coiffer. À midi on appelle la chambre, et là tout le monde peut entrer, ce qui n’est point des communes gens. Je (mets) mon rouge et lave mes mains devant tout le monde. Ensuite les hommes sortent et les dames restent, et je m’habille devant elles. A midi est la messe ; si le roi est à Versailles, je vais avec lui et mon mari et mes tantes à la messe ; s’il n’y est pas, je vais seule avec M. le Dauphin, mais toujours à la même heure. Après la messe, nous dinons à nous deux devant tout le monde, mais cela est fini à une heure et demie, car nous mangeons fort vite tous les deux. De là je vais chez M. le Dauphin, et s’il a affaires, je reviens chez moi ; je lis, j’écris, ou je travaille, car je fais une veste pour le roi qui n’avance guère, mais j’espère qu’avec la grâce de Dieu elle sera finie dans quelques années. À 3 heures je vais encore chez mes tantes où le roi vient à cette heure-là : à 4 heures vient l’abbé chez moi ; à 5 heures tous les jours le maître de clavecin ou à chanter jusqu’à 6 heures. À 6 heures et demie je vais presque toujours chez mes tantes, quand je ne vais pas promener ; il faut savoir que mon mari va presque toujours avec moi chez mes