Page:Goncourt - Histoire de Marie-Antoinette, 1879.djvu/46

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tantes. À 7 heures on joue jusqu’à 9 heures, mais quand il fait beau, je m’en vais promener, et alors il n’y a pas de jeu chez moi mais chez mes tantes. À 9 heures nous soupons, et quand le roi n’y est point, mes tantes viennent souper chez nous, mais quand le roi y est, nous allons après souper chez elles, nous attendons le roi, qui vient ordinairement à 10 heures trois quarts, mais moi, en attendant, je me place sur un grand canapé et dors jusqu’à l’arrivée du roi, mais quand il n’y est pas, nous allons nous coucher à 11 heures. Voilà toute notre journée[1]. »

La Dauphine est encore une enfant[2], selon la remarque de Louis XV. Ses grands plaisirs sont des parties de jeux avec les enfants de sa première femme de chambre, gâtant ses habits, cassant les meubles, mettant tout sens dessus dessous dans ses appartements ; ses folles équipées sont des parties d’ânes. Et faut-il le dire ? l’enfant qu’était la Dauphine trouvait d’autres enfants dans son mari, dans ses beaux-frères. À ce sujet, Mercy-Argenteau ne raconte-t-il pas cette curieuse anecdote ? « Il y avait sur la cheminée de la chambre de M. le comte de Provence, une pièce de porcelaine très artistement travaillée. Quand M. le Dauphin se trouvait dans cette chambre, il avait coutume d’exa-

  1. Maria Theresia und Marie-Antoinette, von Arneth. Wien., 1865.
  2. Marie-Antoinette n’avait guère que quatorze ans à l’époque de son mariage, et la petite fille qu’elle était encore se refusait à porter un corps de baleine, négligeait parfois de, se laver les dents, n’aimait qu’à parler et à rire à l’oreille des jeunes dames.