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Page:Goncourt - Histoire de Marie-Antoinette, 1879.djvu/457

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même ne pouvaient échapper à la pitié ; l’un d’eux renonçait à fumer, voyant, le matin d’une nuit où il n’avait pas quitté sa pipe, la Reine se lever les yeux rouges, et se plaignant doucement d’un grand mal de tête sans lui rien reprocher. D’autres, entrés soudain dans les plus délicates commisérations, et voulant éviter la Reine le retour de ces crises qui avaient failli la sauver de la guillotine, disaient aux commissaires : « Surtout, gardez-vous bien de lui parler de ses enfants ![1] »

Ce repos de la Reine, cette pitié de ses gardiens, rassuraient les amitiés du dehors et les encourageaient à espérer. La princesse Lubormiska écrivait vers ce temps à madame du Barry : « La Reine est encore à la Conciergerie ; il est faux qu’on ait le projet de la ramener au Temple ; cependant, je suis tranquille sur son sort[2]. » Le million de la comtesse de Janson tentait l’incorruptibilité du capucin Chabot[3]. Aux émissaires, à l’argent envoyés de Bruxelles par le comte de Mercy, Danton répondait orgueilleusement que la mort de la reine de France n’était jamais entrée dans ses calculs, et qu’il consentait à la protéger sans aucune vue d’intérêt personnel[4]. Batz tournait autour de la Conciergerie. Un officier de grenadiers des Filles-de-Saint-

  1. Histoire de Marie-Antoinette, par Montjoie, vol. II.
  2. Bulletin du tribunal criminel révolutionnaire. 4{e} partie, n° 46.
  3. Mémoires sur Louis XVII, par Eckard.
  4. Mémoires tirés des papiers d’un homme d’État. Paris, 1831 ? vol. II.