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Page:Goncourt - Histoire de Marie-Antoinette, 1879.djvu/459

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vendredi… Il y avait une offre d’argent. » Le billet déchiré en mille morceaux, la Reine essaya d’y répondre, en marquant avec une épingle sur un morceau de papier : Je suis gardée à vue, je ne parle ni n’écris[1]. Un gendarme la surprit, saisit le papier, et le remit à la citoyenne Richard. Des mains de celle-ci il passa dans les mains de Michonis ; mais le complot était ébruité, et Rougeville ne put revenir.

Hélas ! tout manquait. L’heure de Danton était passée ; Chabot finissait par avoir peur de se vendre, et dénonçait la comtesse de Janson. Batz ne pouvait réussir à faire parvenir à la Reine une redingote, sous laquelle elle eût quitté la Conciergerie au moment du renouvellement des postes. Il y eut un dernier projet d’évasion ; mais les deux gendarmes de garde chez la Reine devaient être tués : la Reine ne voulut jamais y consentir : la vie, à ce prix, lui eût semblé trop chère[2]. Richard avait été destitué ; mais par l’entremise de Dangé, l’administrateur de police agissant de concert avec Hüe et Cléry, Marie-Antoinette retrouvait dans le concierge Bault un autre Richard, des soins pareils ; et la seule chose pour laquelle elle fût difficile, l’eau qu’elle buvait, lui était encore servie bien pure dans une tasse bien propre. Une vieille tapis-

  1. Extrait du second interrogatoire subi par la Reine à la Conciergerie le 4 septembre 1793. Notice sur J. B. C. Haret-Cléry.
  2. Histoire de Marie-Antoinette, par Montjoye, vol. II. — Mémoires sur Louis XVII, par Eckard.