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Page:Goncourt - Histoire de Marie-Antoinette, 1879.djvu/484

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forces, de nouvelles grâces pour de nouvelles tortures.

La Reine est seule contre les accusateurs ; elle n’a qu’elle pour se conduire et se défendre. Les défenseurs d’office qui lui ont été nommés n’ont été prévenus que le dimanche 13 octobre, à minuit. Du lundi matin au mardi dans la nuit, ils n’ont avec elle que trois courtes entrevues d’un quart d’heure, entrevues dérisoires, écoutées, surveillées par trois ou quatre personnes[1], et qui n’ont point permis à la Reine de concerter la moindre défense, une réponse même ! La Reine, d’ailleurs, ne pouvait, de premier coup, donner toute sa confiance à des conseils choisis par le Tribunal. Elle se rendit pourtant à la convenance de leur intérêt, à la commisération de leurs paroles ; et tourmentée par eux, au nom de ses enfants, pour demander un sursis qui leur donnât le temps d’élaborer leur défense, elle finissait par leur céder, et écrivait au président de la Convention :

« Citoyen président, les citoyens Tronçon et Chauveau, que le tribunal m’a donnés pour défenseurs, m’observent qu’ils n’ont été instruits qu’aujourd’hui de leur mission ; je dois être jugée demain, et il leur est impossible de s’instruire dans un aussi court délai des pièces du procès et même d’en prendre lecture. Je dois à mes enfants de n’omettre aucun moyen nécessaire pour l’entière justification de leur mère. Mes défenseurs deman-

  1. Histoire de Marie-Antoinette, par Montjoye, vol. II.