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Page:Goncourt - Histoire de Marie-Antoinette, 1879.djvu/486

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osait dans son exorde juger le procès de la Reine : « Je ne suis dans cette affaire embarrassé que d’une seule chose, disait-il : ce n’est pas de trouver des objections[1]. »

Les défenseurs rassis, le président Herman prononce ce que la justice révolutionnaire appelait un résumé. Il évoque contre Marie-Antoinette les mânes de tous les morts, il la charge de toutes les allégations sans preuve, et il finit par déclarer que « c’est tout le peuple français qui accuse Marie-Antoinette[2]. »

Herman n’a pas osé tout dire. Un autre a mieux et plus crûment résumé l’affaire. Et ce n’est point dans l’acte d’accusation, dans le réquisitoire, dans le résumé du tribunal criminel extraordinaire, qu’il faut aller chercher le dernier mot de ce procès et le dernier mot de la Révolution ; c’est dans ce numéro du Père Duchêne, qu’Hébert écrit pendant le ballottage de la tête de la Reine :

« Je suppose… qu’elle ne fût pas coupable de tous ces crimes ; n’a-t-elle pas été reine ? Ce crime-là suffit pour la faire raccourcir ; car… qu’est-ce qu’un roi ou une reine ? N’est-ce pas ce qu’il y a dans le monde de plus impur, de plus scélérat ? Régner, n’est-ce pas être le plus mortel ennemi de l’humanité ? Les contre-révolutionnaires, que nous étouffons comme des chiens enragés, ne sont nos ennemis que de bricole ; mais les

  1. Histoire de Marie-Antoinette, par Montjoye, vol. II.
  2. Bulletin du Tribunal criminel révolutionnaire, n° 31.