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Page:Goncourt - Histoire de Marie-Antoinette, 1879.djvu/496

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La Reine remet sa lettre à Bault, à Bault qui dira dans la journée à sa femme : « Ta pauvre Reine a écrit ; elle m’a donné sa lettre ; mais je n’ai pu la remettre à son adresse, il a fallu la porter à Fouquier[1]. »

Puis, la Reine songe au spectacle qu’il lui faudra donner dans quelques heures. Elle craint que son corps, épuisé par la fatigue, affaibli par la maladie, ne trahisse son âme, et, voulant avoir la force de son courage, elle demande quelque nourriture : on lui sert un poulet, dont elle mange une aile[2]. Elle demande ensuite à changer de chemise : la femme du concierge lui en donne une ; et, s’étant jetée toute vêtue sur le lit, la Reine s’enveloppe les pieds avec une couverture et s’endort[3].

Elle dormait. On entre. « Voilà, lui dit-on, un curé de Paris qui vient vous demander si vous voulez vous confesser. — Un curé de Paris ? … murmure tout bas la Reine, il n’y en a guère… » Le prêtre s’avance. Il dit à la Reine qu’il s’appelle Girard, qu’il est curé de Saint-Landry, dans la Cité, et qu’il lui apporte les consolations de la religion[4]. La Reine s’est confessée à Dieu seul[5]. Elle remercie le prê-

    donnerait lieu de croire que la Reine a été brusquement interrompue au dernier mot… Par quoi ? ou par qui ?

  1. Récit exact, par la dame Bault.
  2. Six journées au Temple, par Moille.
  3. Histoire de Marie-Antoinette, par Montjoye, vol. I.
  4. Ibid., vol. II.
  5. Mémoires au Roi sur l’imposture et le faux matériel de la Conciergerie. Paris, 1825.