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Page:Goncourt - Histoire de Marie-Antoinette, 1879.djvu/497

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tre assermenté, sans le renvoyer pourtant. Elle descend de son lit ; elle marche dans le cabinet pour se réchauffer, et se plaint de souffrir aux pieds un froid mortel. Girard lui conseille de mettre son oreiller sur ses pieds : la Reine le fait. « Voulez-vous que je vous accompagne ? dit le prêtre. — Comme vous voudrez, » répond la Reine[1].

À sept heures, Sanson se présente : « Comme vous venez de bonne heure, Monsieur, lui dit la Reine, ne pourriez-vous pas retarder ? — Non, Madame, j’ai ordre de venir. » Cependant la Reine était toute prête : elle avait elle-même coupé ses cheveux[2].

La Reine déjeune d’une tasse de chocolat apportée du café voisin de l’entrée de la Conciergerie, et d’un de ces petits pains appelés alors mignonnettes, si petit que le gendarme Léger n’ose l’éprouver en le goûtant, de peur de le diminuer[3].

Vers 11 heures, la Reine est conduite au greffe, à travers une haie de gendarmes rangée depuis la porte du cabinet où elle a couché jusqu’à la porte du greffe : on lui lie les mains derrière le dos[4].

Dans Paris, à 5 heures du matin, le tambour bat ; le rappel roule dans toutes les sections. À 7 heures, trente mille hommes sont sur pied ; des canons aux extrémités des ponts, des places et des carrefours. À 10 heures, la circulation des voitures est interdite dans toutes les rues, du Palais jusqu’à

  1. Révolutions de Paris, par Prudhomme, n° 210.
  2. Ibid.
  3. Six journées au Temple, par Moille.
  4. Ibid.