Page:Goncourt - Histoire de Marie-Antoinette, 1879.djvu/56

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du Dauphin plus encore l’influence de l’éducation que l’injustice de la nature.

Cette froideur, ce silence des passions, de la jeunesse, du sexe, cette imagination réduite, ces malaises et ces défaillances d’un Bourbon de dix-huit ans, ce mari, cet homme, n’étaient-ils pas, en effet, l’œuvre, le crime d’un gouverneur choisi par l’imprévoyante piété du Dauphin, père de Louis XVI ?

Ce gouverneur était Monseigneur Antoine-Paul-Jacques de Quélen, chef des nom et armes des anciens seigneurs de la châtellenie de Quélen, en haute Bretagne ; juveigneur des comtes de Porhoêt, pair de France, prince de Carency, comte de Quélen et du Broutay, marquis de Saint-Mégrin, de Callonges et d’Archiac, vicomte de Calvignac, baron des anciennes et hautes baronnies de Tonneins, Gratteloup, Villeton, la Gruère et Picornet, seigneur de Larnagol et Talcoimur, vidame, chevalier et avoué de Sarlac, haut baron de Guienne, second baron de Quercy[1] ; en un mot, et par là-dessus, le duc de la Vauguyon, sire un peu neuf malgré tous ses titres, auquel l’orgueil d’une alliance avec les Saint-Mégrin avait tourné la tête. Son pauvre esprit s’était abîmé dans l’étiquette ; et, ne saisissant de la grandeur que l’importance, de la hauteur que la brusquerie, n’attrapant les choses que par le grossier et le désagréable, il avait élevé le jeune prince à son école, aux leçons de sa dignité brutale et de sa maussaderie bourrue. Pour le reste, pour l’ensei-

  1. Correspondance littéraire de Grimm, 1829, vol. VII.