Page:Goncourt - Histoire de Marie-Antoinette, 1879.djvu/83

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vent et de pluie, et pesaient d’avance ce fardeau d’une couronne qui allait échoir à leur jeunesse. La bougie est éteinte, et les jeunes époux entendent s’avancer vers leur appartement le fracas énorme d’une cour qui se précipite pour adorer une royauté nouvelle. La première, madame la comtesse de Noailles entre, salue Marie-Antoinette du nom de reine, et demande à Leurs Majestés de venir recevoir les hommages des princes et des grands officiers. Alors, appuyée sur le bras de son mari, son mouchoir sur les yeux, lente, et comme pliant sous l’avenir, Marie-Antoinette traverse tous ces hommages, parée de sa tristesse, dans l’attitude abandonnée et charmante de ces jeunes princesse de la Fable antique promises à la Fatalité. Puis chevaux, voitures, gardes, écuyers, tout part ; et la jeune cour est emportée à Choisy[1].

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Reine, Marie-Antoinette allait-elle triompher des influences qui avaient troublé son ménage et son bonheur de Dauphine ? Allait-elle surmonter cette conspiration qui poursuivait dans l’épouse du Dauphin la politique de l’Autriche ? Allait-elle obtenir auprès de son mari des conseillers, sinon partisans de l’alliance conclue, au moins sans parti pris contre l’union qui en avait été le gage, sans animosité contre la fille de Marie-Thérèse devenue l’épouse dont la France attendait des Dauphins ? Sa

  1. Mémoires de Mme Campan, 1826, vol. I. — Mémoires de Weber, 1822, vol. I.