Page:Goncourt - Histoire de Marie-Antoinette, 1879.djvu/89

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Marie-Antoinette s’était assise sur le trône de France en caressant un grand projet. Qui sait aujourd’hui, qui même savait alors que la Reine voulait abandonner Versailles, faire suivre au Roi de France l’exemple de tous les souverains de l’Europe, lui faire habiter sa capitale, transporter à Paris la cour et le gouvernement, et procurer ainsi à la royauté cette popularité que donne la résidence, et dont les d’Orléans avaient fait leur patrimoine ? Projet immense dans le présent, plus immense encore dans l’avenir, et qui pouvait changer la face de la révolution française ! Aux portes de Paris, à la Muette, la Reine examinait avec M. de Mercy les plans dressés par Soufflot. Elle y applaudissait et les arrêtait ; Soufflot pendant six semaines eut l’ordre de tout apprêter. Ces plans ramenaient l’administration à Paris, et mettaient les bureaux comme sous la main des administrés. Les quatre secrétaireries d’État s’établissaient dans les quatre pans coupés de la place Vendôme, et y rassemblaient leurs dépôts de minutes alors dispersés. Le contrôle général s’élevait en face de la chancellerie. Une rue ouvrait les Capucins et les Feuillants, et une grande allée, traversant les Tuileries, joignait le boulevard à la Seine. À ce plan se reliaient un système d’élargissement des rues, des percées dans le faubourg Saint-Germain, la suppression des maisons situées sur les quais, l’établissement des grands débouchés, l’érection de ponts sur la Seine, tout un ensemble de grands travaux que couronnait l’achèvement du Louvre et