Page:Goncourt - Histoire de Marie-Antoinette, 1879.djvu/92

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

tions du Roi pour M. de Choiseul, sûr d’avance du résultat de l’entrevue, M. de Maurepas jugea que c’était encore un plaisir qui menaçait trop peu son crédit pour le refuser à la Reine. Le 13 juin, tout Paris se racontait l’entrevue. La Reine avait accueilli M. de Choiseul du plus amical de ses sourires : « Monsieur de Choiseul, je suis charmée de vous voir ici. Je serais fort aise d’y avoir contribué. Vous avez fait mon bonheur, il est bien juste que vous en soyez témoin. » Le Roi, embarrassé, n’avait trouvé que ces mots à lui dire : « Monsieur de Choiseul, vous avez bien engraissé… Vous avez perdu vos cheveux… vous devenez chauve. » L’illusion trompée de la Reine, la colère de madame de Marsan allumée contre Madame Clotilde, qui, pour faire sa cour à sa belle-sœur, avait parlé de la meilleure grâce à M. de Choiseul, ce fut tout le résultat de cette entrevue. M. de Choiseul avait été moins confiant que la Reine : à son passage à Blois, il avait d’avance commandé les chevaux de poste qui devaient le ramener à Chanteloup[1].

M. de Maurepas n’avait plus d’inquiétude, et se riait des embarras que lui suscitait la belle dame[2]. Tout conspirait à le maintenir, et le Roi allait lui donner pour associés dans sa politiques contre la Reine deux seconds entraînés à le servir par toutes leurs convictions, par leurs systèmes, par leurs griefs même.

  1. Chronique secrète de Paris, par l’abbé Beaudeau.
  2. L’espion dévalisé. Londres, 1782.