Page:Goncourt - Histoire de Marie-Antoinette, 1879.djvu/93

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L’un était M. de Müy, ministre de la guerre, l’ancien confident du Dauphin père de Louis XVI, celui-là que le Dauphin appelait l’héritier de Montausier ; honnête homme, mais avec trop de zèle, droit, mais roide, dur aux autres comme à lui-même, et que ses vertus sévères jusqu’à l’intolérance avaient placé haut dans la considération de Mesdames, et au premier rang du parti Dauphin.

L’autre, le nouveau ministre des affaires étrangères, M. de Vergennes, devait être pour M. de Maurepas un aide plus actif, plus déclaré, plus souple en même temps, et moins embarrassé de scrupules. M. de Vergennes, ministre plénipotentiaire à Constantinople, avait été rappelé par M. de Choiseul, et presque exilé en Bourgogne. Remis en lumière par M. d’Aiguillon, il avait fait en Suède la révolution de Gustave et du parti français contre le parti russe. C’était le neveu et l’élève de Chavigny, un soutien furieux et systématique de la vieille politique française ; lié de doctrines avec les Saint-Aignan, les Fénelon, les la Chétardie, les Saint-Séverin, tous les partisans de l’influence dominante, exclusive de la France en Europe ; vif, osé, ne craignant point les aventures, brûlant de tout brouiller pour le triomphe de ses idées, animé de grand dépit contre les traités de 1756 et de 1758, et profondément hostile à la maison d’Autriche[1]. M. de Choiseul l’avait disgracié à propos de son mariage avec une Grecque d’une grande beauté, qui lui avait

  1. Mémoires, par Soulavie, vol. II.