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Page:Goncourt - Histoire de Marie-Antoinette, 1879.djvu/99

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Reine, s’il n’eût été le plus doux de ses plaisirs. Paris et les provinces se rappelaient encore l’envoi de l’argent de sa cassette aux blessés de la place Louis XV. Lyres, pinceaux, ciseaux, burins, tous les arts chantaient sa bienfaisance et répétaient ces aventures qui avaient mené à l’adoration la popularité de la jeune princesse, ce paysan blessé à Achères par le bois d’un cerf, sa femme et son fils recueillis dans le carrosse de Marie-Antoinette, leurs larmes essuyées, leurs misères soulagées par elle[1]. La reconnaissance publique parlait de cet hospice fondé par elle, en montant sur le trône, pour les femmes âgées de toute province et de toute condition[2]. Les familiers de Versailles montraient cette Reine, l’argent de son mois épuisé, faisant quêter parmi ses valets de pied et dans son antichambre pour donner quelques louis à des malheureux[3] ; et les bénédictions d’un peuple suivaient cette Reine qui, même aux jours de haine et de calomnie, continuera ses bontés et ses aumônes, et boursillera avec le Roi, en 1789, pour faire huit mille livres aux pauvres de Fontainebleau : « Puisse cette ville, — disait-elle tristement, — ne pas rivaliser d’ingratitude avec quelques autres[4] ! »

M. de Maurepas avait encore à craindre de laisser

  1. Annales du règne de Marie-Thérèse, par Fromageot, 1775.
  2. Mémoires secrets et universels, par Lafont d’Ausonne, 1825.
  3. Mélanges militaires, littéraires et sentimentaires, par le prince de Ligne, 1795-1811, vol. XXVII.
  4. Dernières années du règne et de la vie de Louis XVI, par Hue, 1814.