Page:Goncourt - Journal, t1, 1891.djvu/118

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quoi ne pas grimper sur un dada qui se puisse enfourcher ? À être collectionneur, voici un joli dada de bonheur. Jadis la religion, c’était là un magnifique dada… mais c’est empaillé maintenant… ou encore le dada du père Corot qui cherche des tons fins et qui les trouve et à qui ça suffit… Tenez, ces gros bourgeois qui viennent le dimanche ici, et qui rient si fort… je les envie. »

« Et pour l’amour, mon Dieu, ce que nous exigeons de la créature humaine ! Nous demandons à nos maîtresses d’être à la fois des honnêtes femmes et des coquines. Nous exigeons d’elles tous les vices et toutes les vertus. Le plaisir donné par la femme jeune et belle, nous ne le savourons pas complètement. Nous avons une maladie dans la tête. Les bourgeois ont raison… mais être raisonnable… est-ce vivre ! »

Célestin Nanteuil nous dit cela, pendant que nous nous promenons devant les sphinx en plâtre de sa petite maison.

Au loin, au-dessous d’un bâtiment neuf, dans une espèce de champ qu’on vient de retourner, un homme, en bras de chemise, traîne une brouette ; l’homme, c’est Émile Augier.

2 septembre. — Pouthier, qui a toujours une insolente confiance dans la Providence, et qui est toujours persuadé que sa dernière pièce de quarante sous fera des petits le lendemain, est venu dîner chez nous.