Page:Goncourt - Journal, t1, 1891.djvu/143

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lante d’esprit dans les yeux, et qui vous dit : « Moi, je suis un plumitif, on ne me demande que de l’exactitude et de la paresse ! »

À la fin du dîner, au café, dans ce monde dînant en manches de chemise, Dinochau, le cheveu frisotté, la figure émerillonnée, vient se mêler à la littérature, et raconte des charges d’Auvergnat.

Et nous revenons avec Monselet, tenant dans une main un paquet de rillettes de Tours, enveloppé dans du papier, et dans l’autre un joujou d’enfant, un diable qu’il fait jaillir gaminement de sa boîte, avec le couicoui d’une pratique de polichinelle, chaque fois que nous passons devant une femme.

31 mai. — … Alors Gavarni nous entretient de son dégoût et de son détachement des choses réalisées : « Je ne fais une chose qu’à cause de ses difficultés, et que parce qu’elle n’est pas facile à faire : ainsi mon jardin, quand il sera fini, j’en ferai volontiers cadeau à quelqu’un. Il y en a qui peignent des paysages, moi je m’amuse à faire des paysages en relief. Eh bien, qu’est-ce que vous voulez qu’on fasse d’un dessin une fois fait : il n’y a qu’à le donner. »

Puis il nous parle du théâtre, de ses idées contre l’illusion scénique en faveur du tréteau, déclarant qu’il n’admire que deux pièces : les Précieuses ridicules et le Bourgeois gentilhomme, parce que ce sont des leçons de philosophie sous la forme la plus tangible, sous la forme la plus parade, — et s’inter-