Page:Goncourt - Journal, t1, 1891.djvu/163

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cause de la longueur. Tant d’efforts, de petits succès même, ne menant à rien. L’éditeur non encore assuré après nos deux volumes d’histoire. Cette Histoire de la société française pendant le Directoire, où nous avons mis tous les moxas, vendue à 500…

Après la douce existence de Gisors, une vie de tracas, de courses vaines et déçues, de pensées de découragement. Nous promenons au hasard notre ennui, regardant, et pour essayer de guérir, nous achetons deux pots à thé de vieux Saint-Cloud, montés en vermeil, dans leur boîte à la serrure fleurdelisée. C’est notre remède, en ces mauvaises heures, de nous dénoircir l’âme, en nous enchantant le regard avec l’éclair gai d’une vieille et belle chose, d’une claire porcelaine à la dorure dorée d’or mat, d’une jolie relique de la grande industrie d’art du XVIIIe siècle.

Ces désespérances, ces doutes, non de nous, ni de nos ambitions, mais du moment et des moyens, au lieu de nous abaisser vers les concessions, font en nous, plus entière, plus intraitable, plus hérissée, la conscience littéraire. Et un instant, nous agitons si nous ne devrions pas penser et écrire absolument pour nous, laissant à d’autres le bruit, l’éditeur, le public. Mais, comme dit Gavarni : on n’est pas parfait.

19 octobre. — Étudié chez Niel, l’œuvre de Meryon, dans tous ses états, ses essais, et même une partie de ses dessins. Il semble qu’une main du passé ait