Page:Goncourt - Journal, t1, 1891.djvu/196

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Ah ! un fort trou, où on jette des pierres qu’on n’entend pas tomber. « Comment n’a-t-on pas installé, dit-il, une machine là-haut, avec un panier pour y descendre ? Ça en valait la peine. Il y avait là un mystère qui me sollicitait. Oui, c’était une marmite où j’aurais voulu faire cuire une nouvelle. J’en faisais la descente, et je trouvais un vieux savant qui savait tout, et surtout prométhifier les êtres par la résurrection. Son valet était un général romain, tué à une bataille quelconque dans le pays, et auquel il avait redonné le mécanisme vital, en ne lui accordant que la dose d’intelligence nécessaire pour nettoyer ses fioles. »

18 avril. — Je voudrais une chambre inondée de soleil, des meubles tout mangés de lumière, de vieilles tapisseries, dont toutes les couleurs seraient éteintes et comme passées sous les rayons du Midi. Là je vivrais dans des idées d’or, le cœur réchauffé, l’esprit ensoleillé, dans une grande paix doucement chantante… C’est étrange comme, à mesure qu’on vieillit, le soleil vous devient cher et nécessaire, et l’on meurt en faisant ouvrir la fenêtre, pour qu’il vous ferme les yeux.

— Été à la foire aux pains d’épices, barrière du Trône, où j’ai vu dans un tableau vivant, représentant la superbe Descente de Croix d’après la toile de Rubens, j’ai vu à la fin le Christ se levant de son linceul pour venir saluer le public.