Page:Goncourt - Journal, t1, 1891.djvu/227

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de la première catégorie, auxquelles ils offrent le passe-temps d’un fruit ou d’un thé, en leur montrant de loin, du doigt, les premiers rôles de la troupe.

Baudelaire soupe aujourd’hui à côté de nous. Il est sans cravate, le col nu, la tête rasée, en vraie toilette de guillotiné. Au fond, une recherche voulue, de petites mains, lavées, écurées, soignées comme des mains de femme — et avec cela une tête de maniaque, une voix coupante comme une voix d’acier, et une élocution visant à la précision ornée d’un Saint-Just et l’attrapant.

Il se défend obstinément, avec une certaine colère rêche, d’avoir outragé les mœurs dans ses vers.

— Un gouvernement serait éternel à la condition d’offrir, tous les jours, au peuple un feu d’artifice et à la bourgeoisie un procès scandaleux.

Mercredi 21 octobre. — Lu notre pièce : les Hommes de lettres, à Paul de Saint-Victor, Mario Uchard, Xavier Aubryet. Le cinquième acte paraît un peu lyrique, et Saint-Victor trouve que la mort de notre homme de lettres est trop une mort de sensitive[1]. Nous nous décidons à le retrancher.

Samedi 24 octobre. — Nous allons remettre notre pièce en quatre actes à Uchard, qui s’est chargé de la présenter avec Saint-Victor au Vaudeville.

  1. C’est cependant de cette mort de sensitive que mourra mon frère.