Page:Goncourt - Journal, t1, 1891.djvu/228

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Lundi 26 octobre. — Notre pièce commence à grouiller. Elle est annoncée dans l’Entr’Acte, le Nord, le Pays, etc. Ce soir, la Presse affirme que nous sommes reçus. Cela commence à nous inquiéter comme un mauvais présage.

Ce soir, au café du Helder, Saint-Victor me dit qu’il a présenté aujourd’hui la pièce à Goudchaux, et qu’il doit avoir la réponse, mercredi.

Mardi 27 octobre. — Passé à l’Artiste. Les réclames autour de notre pièce — reçue dans les journaux seulement, hélas ! — mettent l’Artiste à mes pieds, Aubryet me salue comme un succès, m’adresse la parole comme à un grand homme, et moi-même, je me mets à lui parler comme du haut d’un piédestal. Mille propositions de courriers de Paris, de biographies, etc., etc.

Mercredi 28 octobre. — Mauvaise nuit. La bouche sèche comme après une nuit de fièvre. Des espérances qu’on chasse et qui reviennent. Et des émotions, et des mauvais pressentiments. Nous sommes trop nerveux pour attendre tranquillement la réponse chez nous, et nous nous sauvons à la campagne, regardant bêtement à la portière du chemin de fer passer les maisons et les arbres. D’Auteuil nous gagnons le pont de Sèvres, nous avons besoin de marcher. Là, dans les vapeurs bleues, dans l’or de l’automne, au-dessus du Bas-Meudon, le bord de rivière inspirateur de notre pauvre En 18.. ; nous allons devant nous