Page:Goncourt - Journal, t1, 1891.djvu/250

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E tutto… Et voilà ce que laisse Rachel : des diamants, des bijoux, de l’argenterie, des dentelles, des demi-reliures et du faux Sèvres.

— Dans le nu, peint, sculpté, décrit, quelques-uns ne voient que la ligne du Beau. D’autres y voient toujours la peau de la femme et sa tentation. Il y a du Devéria pour certaines gens dans la Vénus de Milo.

— Relu le Neveu de Rameau. Quel homme, Diderot ! quel fleuve, comme dit Mercier !… Et Voltaire est immortel et Diderot n’est que célèbre. Pourquoi ? Voltaire a enterré le poème épique, le conte, le petit vers, la tragédie. Diderot a inauguré le roman moderne, le drame et la critique d’art. L’un est le dernier esprit de l’ancienne France, l’autre est le premier génie de la France nouvelle.

16 avril. — Sceptique, être sceptique, professer le scepticisme, hélas ! une mauvaise voie pour faire son chemin. Et d’abord, le moyen du scepticisme n’est-ce pas l’ironie, la formule la moins accessible aux épais, aux obtus, aux sots, aux niais, aux masses ? Puis cette négation, ce doute de tout, choque les illusions de tous, ou du moins celles que tous affichent : le contentement de l’humanité qui suppose le contentement de soi, — cette paix de la conscience humaine, que le bourgeois affecte de donner comme la paix de sa conscience particulière.