chemise, jetant un louis, son dernier louis, sur un tapis vert, et sans pâlir le poussant à 40,000 francs.
Et c’est le château anglais, la haute futaie, la chasse, trois toilettes par jour et bal tous les soirs, une vie royale menée, conduite, payée par un monsieur qui s’appelle Simpson ou Tompson, et dont le fils de vingt ans inspecte dans la Méditerranée les 18 bateaux de son père, dont pas un n’a moins de deux mille tonneaux, « une flotte comme l’Égypte n’en a jamais eu », dit Guys. Puis c’est nous qu’il compare aux Anglais, nous ! et il s’écrie : « Un Français qui ne fit rien, qui fut à Londres pour dépenser de l’argent tranquillement, qui a vu cela ? Les Français voyagent pour se distraire d’un chagrin d’amour, d’une perte au jeu, ou pour placer des rouenneries, mais là, un Français dans une calèche, un Français qui ne soit ni un acteur, ni un ambassadeur, un Français ayant à ses côtés une femme comme une mère ou une sœur, et pas une fille, une actrice, une couturière, non on n’en a jamais vu ! »
24 avril. — Entre le soufflé au chocolat et la chartreuse, Maria desserre son corsage et commence ses mémoires.
Elle naît dans un petit paysage au bord de la Marne, ombreux et mouillé, comme les aimait le paysagiste Huet. Elle est la fille d’un pauvre constructeur de bateaux. Elle est toute blonde, et restée toute blanche sous le soleil noircisseur de la Brie. Elle a treize ans et demi. Un jeune homme, qu’elle