noux ? Le veux-tu ? Tu es trop jeune pour comprendre… »
Plus tard, quand mon cousin était sorti du collège, son ancien maître s’invitait à dîner chez lui en ces termes : « Labille, tu me feras faire un petit dîner… moi, je ne suis pas gourmand, je suis friand… tu auras une petite truite saumonée, non citronnée… un pain au lait, où tu ne mettras que trois œufs, c’est plus douillet… » Et, le petit dîner dégusté et arrosé d’une ou deux bouteilles de bon bourgogne, l’ancien oratorien disait à son élève : « Crois-tu en Dieu, Labille ? — Mais oui, monsieur Cerceau ! — C’est comme moi… mais en Jésus-Christ, non… c’est une trop jeune barbe ! »
— Je ne suis pas aussi heureux que ces gens qui portent, comme un gilet de flanelle qu’ils ne quittent même pas la nuit, la croyance en Dieu. Du soleil ou de la pluie, du poisson frais ou du gibier faisandé me font croire ou douter. Il y a aussi, dans la fortune des coquins, des complicités de la Providence qui me rendent terriblement incrédule. La survie immortelle me sourit aussi, quand je pense à ma mère, quand je pense à nous ; mais une survie impersonnelle, une survie à la gamelle, comme je le disais à Saint-Victor, ça m’est bien égal. Et me voilà matérialiste…
Mais, si je me mets à penser que mes idées sont le choc de sensations, et que tout ce qu’il y a de surnaturel et de spirituel en moi, ce sont mes