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chambre encore plus rafalé que lui, demeuré deux jours au lit sans manger, — et l’affreux, dit-il, c’est qu’il l’entendait rêver qu’il faisait des repas à trois services.

Au milieu de cette existence, il a été à une noce où la demoiselle d’honneur était une femme qui fait tirer des loto dans les gargots, et où la mère de la mariée a fait apporter, pendant la promenade, des canons de chez un marchand de vin à toutes les personnes rassemblées dans cinq ou six fiacres, et buvant à la portière, et où la mariée, au repas de noce, lui voyant mettre de l’eau dans son vin, lui a demandé s’il avait une vilaine maladie.

Un autre jour, une partie toute différente. Introduit, je ne sais comment, dans la maison de M. Clermont-Tonnerre, où avait lieu une fête d’enfants, une représentation de la Barbe-Bleue, sur un théâtre admirablement machiné par un répétiteur de l’École centrale, et dont il avait peint la toile : fête, où il avait tous les succès pour sa gaieté, pour sa camaraderie avec les moutards, pour ses imaginations drolatiques ; fête, où il s’était trouvé heureux, heureux comme tout, jusqu’au moment où M. Clermont-Tonnerre voulait à toute force faire atteler pour le reconduire chez lui et où il avait été forcé d’esquiver la politesse, en lui disant qu’il allait retrouver une petite femme tranquille, que son arrivée en équipage effaroucherait.

Pendant ce temps, il est encore devenu l’ami intime du corps des pompiers, pour lesquels, à l’oc-