Page:Goncourt - Journal, t1, 1891.djvu/319

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ANNÉE 1860




Jeudi 12 janvier. — Nous sommes dans notre salle à manger, cette jolie boîte tendue, fermée, plafonnée de tapisseries, où nous venons d’accrocher le triomphant Louis Moreau de la Revue du Roi, et qui est toute lumineuse et égayée des feux doux d’un lustre de cristal de Bohême.

À notre table, il y a Flaubert, Saint-Victor, Aurélien Scholl, Charles Edmond, Julie, Mme Doche coquettement coiffée d’une résille rouge sur ses cheveux qui ont un œil de poudre. On parle du roman de Elle et Lui de Mme Colet, où Flaubert est férocement peint sous le nom de Léonce… Au dessert, Mme Doche se sauve à la répétition de la Pénélope normande qu’on doit jouer le lendemain, et Saint-Victor, qui n’a rien pour son feuilleton, l’accompagne avec Scholl.

Entre ceux qui restent, l’on se met à causer théâtre,