Page:Goncourt - Journal, t1, 1891.djvu/328

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trouvons assez inquiet de l’espèce de coup de sang qu’il a eu samedi, disant : « Je n’aime pas les choses que je ne comprends pas ! »

Nous causons des femmes qu’il a vues danser, et nous lui demandons s’il en a fait des croquis. « Non, non, mais je les ai emportées dans ma tête. Dans six mois, elles me seront parfaitement présentes. Le tout est de résumer ça par une idée très simple ; au fond qu’est-ce ? une chemise sans taille, et pour tout le reste, ce sont des ajustements au caprice et à la fantaisie de la femme. »

Là-dessus, il nous met sur les genoux un album de ses anciennes lithographies qu’il a retrouvé, et nous voyons combien, avant d’arriver à sa facilité de dessin sans modèle, à son imagination du vrai, il a fait de profondes, sérieuses, patientes, scrupuleuses études de la nature… C’est partout là-dedans, la mère de Feydeau, le père de Feydeau, et d’Abrantès, et jusqu’au dos d’Henri Berthoud, faisant le dos de cet inconnu. Il nous arrête à une petite image de bal qui ressemble à un bal d’insectes, et dont il moque la maigreur, et la conscience des parquets, et le fini et le précieux, mais où il rencontre l’animation du bal, et une opposition assez satisfaisante des blancs et des noirs, des habits et des robes, — toutefois en déclarant que, dans ce temps, il n’avait pu encore arriver ni aux noirs ni aux gris veloutés.

Dimanche 20 février. — Au coin de sa cheminée,