Page:Goncourt - Journal, t1, 1891.djvu/408

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Il nous quitte, en nous donnant une main grasse, douce, froide, et, sur le pas de la porte, nous dit : « Venez me voir, les premiers jours de la semaine… après cela, j’ai la tête dans un sac. »

19 octobre. — Non, non, jamais je ne trouverai dans Paris une femme réunissant les qualités de ma maîtresse : ne pas me demander de me faire la barbe, et ne jamais m’adresser une question au sujet du livre que je fais.

3 novembre. — Dîner chez Peters avec Saint-Victor et Claudin. Après dîner, Claudin m’emmène aux Délassements-Comiques. J’ai travaillé toute cette semaine. J’ai besoin, je ne sais pourquoi, de respirer l’air d’un bouibouis. On a de temps en temps besoin d’un encanaillement de l’esprit… Je rencontre dans le corridor Sari. Il me dit que Lagier est allée voir Flaubert à Rouen, et qu’elle craint que la solitude et le travail ne lui fassent partir la tête. Il lui a parlé d’un sérail d’oiseaux, de choses incompréhensibles. Sur ce travail énorme et congestionnant, je ne sais plus qui, l’autre jour, — je crois que cela vient de Mlle Bosquet, l’institutrice de la nièce de Flaubert, — me contait qu’il avait donné l’ordre à son domestique de ne lui parler que le dimanche, pour lui dire : « Monsieur, c’est Dimanche ! »

— Je commence à lire le Recueil de Pensées de Joubert. Malheureusement en ouvrant le volume, je