Page:Goncourt - Journal, t1, 1891.djvu/409

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suis tombé sur une lithographie, une ridicule lithographie le représentant avec une tête d’Andrieux idéologue. Et dans la préface, je lis que le vieillard, ainsi représenté, recevait en spencer de soie ! Figurez-vous l’homme-squelette avec des ailes d’Amour. Tout cela me dispose mal. Puis dans cette préface, il pleut des larmes de famille : ce sont des éloges et des regrets en style lapidaire de tombe du Père-Lachaise. Au fond, dans ce recueil de pensées, les pensées n’ont pas la netteté française. Ce n’est ni clair ni franc. Cela sent la petite école genevoise : Mme Necker, Tracy, Jouffroy. Le mauvais Sainte-Beuve vient de là. Joubert tourne des idées comme on tourne du buis… Ah ! La Bruyère, La Bruyère ! il n’y a que vous !

— Il est permis en France de scandaliser en histoire. On peut écrire que Néron était un philanthrope ou que Dubois était un saint homme. Mais en art et en littérature, les opinions consacrées sont sacrées et peut-être, au XIXe siècle, est-il moins dangereux de marcher sur un crucifix que sur les beautés de la tragédie !

— La France a un tel besoin de gloire militaire, que le roi de la paix a été obligé de lui donner cette gloire à Versailles, — en effigie.

— L’histoire est un roman qui a été ; le roman est de l’histoire qui aurait pu être.

— Saint-Victor, à propos de l’article de Sainte--